Satire des feministes du monde Arabe

L’Egypte

« La question qui symbolise le plus le gardiennat masculin dans notre pays est la question des jeunes mariées, » dit la dessinatrice humoristique égyptienne Doaa el-Adl, gagneuse de prix.

« Il y a une tendance pour les hommes riches du Golfe à voyager dans les régions rurales appauvries égyptiennes pour y trouver des mariées temporaires beaucoup plus jeunes. »

Comme une dessinatrice humoristique politique implacable attaquant des sujets tabous comme la mutilation génétique féminine et le harcèlement sexuel, el-Adl frôle souvent la controverse et a même été accusée de blasphème.
La phrase « jeunes mariées » signifie des filles qui ont juste atteint l’âge légal pour le mariage en Egypte – qui est 18 ans – mais dont les familles les marient à des hommes étrangers beaucoup plus âgés. Dans beaucoup de cas, ces hommes voient en ces mariages des arrangements à court terme et abandonnent les filles peu après.

El-Adl signale que paradoxalement, une loi introduite pour stopper la pratique l’a en réalité encouragée. Si un homme étranger veut épouser une fille qui a plus de 25 ans de moins que lui, alors, il est obligé de payer à sa famille l’équivalent de juste un peu plus que US$ 6.000. Alors que c’est un prix relativement bas pour un homme riche du Golfe, cela s’est avéré une grande incitation pour des familles égyptiennes pauvres, luttant pour s’en sortir dans des moments économiques de plus en plus désespérés.

« Les hommes dans ces sociétés, vendent simplement ces filles, » dit el-Adl. « Et l’état n’est pas arrivé à stopper que cela se passe.

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La Tunisie

« Quand j’ai d’abord commencé à dessiner, je l’ai fait anonymement et tout le monde supposait que j’étais un homme, » dit la dessinatrice humoristique tunisienne Nadia Khiari.

“Ils ne pouvaient pas imaginer qu’une femme pouvait même dessiner, encore moins faire une esquisse de personnages pleins d’humour et d’esprit. »

Khiari est la créatrice de Willis de Tunis – un chat de dessin humoristique dont les aventures fournissent un commentaire ironique sur la vie postrévolutionnaire en Tunisie.

Son thème choisi pour ce dessin – qui aussi représente Willis – est la pression continuelle sur des victimes de viol pour qu’elles épousent leurs attaquants afin d’éviter la honte à leurs familles.
Elle a été poussée à faire le dessin en réponse à des commentaires sujets à controverse d’un invité masculin  lors d’un talk show à la TV tunisienne, qui a été suspendu de son emploi en octobre, après avoir suggéré qu’une jeune fille qui avait été l’objet d’abus sexuel pendant des années par trois parents masculins, devrait épouser l’un d’entre eux, si elle tombait enceinte.

Des attitudes comme ceci persistent, dit Khiari, malgré une nouvelle législation introduite en 2014 pour entériner l’égalité de genre dans la nouvelle constitution du pays post Printemps arabe.

« Le corps d’une femme appartient à sa famille et même si elle a été l’objet de violence sexuelle, c’est l’honneur de la famille qui doit être préservée au-dessus de tout, dit-elle. « L’administration tunisienne ne reconnaît pas le viol pour ce qu’il est. Ce n’est pas considéré comme un crime sérieux. »

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Le Maroc

Riham Elhour a été la toute première dessinatrice humoristique à être publiée dans la presse marocaine. Elle est née le 8 mars, Journée internationale des Femmes, et elle dit qu’elle « est née une féministe ». Ce qui a débuté comme un hobby d’enfant est devenu sa profession quand elle a gagné un Prix de l’Unesco, il y a plus de15 ans.

Le thème qu’elle a choisi pour son dessin est le voyage à l’étranger et le nombre d’hommes marocains qui utilisent la loi pour empêcher leurs femmes de voyager à l’étranger.

Bien que beaucoup de lois du gardiennat masculin au Maroc aient été réformées en 2004 et en 2014, les femmes ont encore besoin légalement de la permission officielle du mari pour quitter le pays si elles veulent prendre leurs enfants avec elles. « Les hommes peuvent utiliser cela pour contrôler la vie des femmes, » dit Elhour.

Riham Elhour est encore toujours la seule dessinatrice humoristique féminine dans son journal. Mais elle reste fermement convaincue que par son art elle sera capable de changer la manière ont les femmes sont vues au Maroc.

« Je veux que mes dessins stimulent les femmes à lutter pour leurs droits, » dit-elle. Je ne veux pas qu’elles se lamentent du fait d’être la victime. Je suis une lutteuse. Toutes les femmes sont des lutteuses. »

http://www.bbc.com/news/world-middle-east-38103902#afterFlash