Le jugement d’un tribunal d’Egypte confirme la décision de geler les actifs de militantes des droits des femmes

Le groupe de femmes égyptiennes Nazra pour des études féministes, présidé par Mozn Hassan, est parmi ceux affectés par la répression gouvernementale contre la société civile. Photo: Courtesy Mozn Hassan

Les mesures répressives contre des groups des droits civils continuent alors que le gouvernement poursuit un dossier contre des militantes accusées d’utiliser des fonds de l’étranger pour déstabiliser l’Egypte

Liz Ford et Associated Press @lizfordguardian

  Jeudi 12 janvier 2017, modifié le jeudi 2 février 2017

Un tribunal égyptien a confirmé un jugement antérieur de geler les actifs de trois militantes célèbres des droits, le dernier chapitre dans l’élargissement de la répression contre des groupes de la société civile.

Le verdict visait Mozn Hassan et son organisation, Nazra pour des études féministes, ainsi que Mohammed Zaraa et Atef Hafez, tous les deux de l’Organisation arabe de la Réforme criminelle.

Le gel de leurs actifs et celui de cinq autres militants pour les droits en septembre fait partie d’une affaire plus large contre au moins une douzaine de groupes de droits qui ont démarré en 2011 et sont réapparues en 2015.

Les huit sont confrontés à des allégations qu’ils ont obtenus illégalement des fonds étrangers utilisés par la suite pour déstabiliser l’Egypte. Ils sont investigués sous le case 173/2011,  qui a commencé, il y a six ans et vise des ONGs locales et internationales. En 2013, 43 employés d’ONGs ont été condamnés dans ces investigations.

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Une autre défenderesse célèbre des droits humains des femmes, Azza Soliman, la fondatrice du Centre pour l’assistance légale des femmes égyptiennes a reçu une interdiction de voyager et a eu ses actifs gelés en novembre. Elle a été arrêtée en décembre.

L’enquête sur Hassan – la fondatrice de Nazra, qui a été enregistré comme ONG en 2007 – a commencé en mars dernier et a vivement été condamnée par des groupes de droits des femmes, qui ont appelé les autorités à laisser tomber l’affaire.

Une déclaration publiée à l’époque par 43 organisations disait : « L’état égyptien devrait prendre toutes les mesures nécessaires pour reconnaître le travail important et crucial…que Hassan mène dans l’avancement des droits des femmes, une fourniture de services de soutien pour les survivantes de violence sexuelle et un discours féministe qui est contre toutes les formes de violence et d’extrémisme. »

Hassan est une féministe célèbre en Egypte et son groupe fait campagne contre les violations des droits humains, particulièrement contre le niveau  croissant de violence contre les femmes dans le pays.

Dans une déclaration, mercredi, Nazra a promis de continuer son travail.

«Même si des ressources financières sont un facteur important pour la présence et le travail de toute organisation et une garantie pour sa durabilité, le travail d’organisations de la société civile n’est pas strictement limité à recevoir des fonds, mais la croyance dans des principes et des idées en rapport avec les droits de citoyens et travaillant à les réaliser, et les tentatives de ces groupes de toucher positivement leurs sociétés. Malgré le fait que le gel des actifs de l’ONG Nazra limitera notre travail de manière évidente, l’équipe promet de continuer ce qu’elle a commencé avec toute son énergie et les instruments de travail garantis par la constitution et le droit. Le futur que nous rêvons pour les femmes en Egypte est loin d’être réalisé, nous continuerons à y travailler, pour une meilleure vie pour les femmes égyptiennes, et pour la durabilité d’un mouvement féministe égyptien indépendant.»

Parlant au Guardian en mars dernier, Hassan a dit qu’elle croyait que son organisation était visée à cause de son travail des droits humains. «Nous ne sommes pas cette gentille organisation de femmes acceptable, nous ne sommes pas seulement une organisation de développement,» a-t-elle dit. «Nous pensons que le mouvement féministe est un mouvement politique. Nous avons toujours eu une perspective de droits humains…nous ne sommes pas comme d’autres organisations féministes. « S’ils me veulent, mieux vaut me prendre moi que le reste de l’équipe.»

Depuis son élection en 2014, le Président Abdel Fatah al-Sisi s’est focalisé sur la ranimation de l’économie malade de l’Egypte, actualisant son infrastructure branlante et combattant les militants de l’Etat islamique dans la Péninsule du Sinaï.

Sissi a défendu le dossier des droits humains de son pays, argumentant en diverses occasions qu’il ne devrait pas être jugé par des standards occidentaux et que le droit à l’éducation, un logement décent et des soins de santé sont juste aussi importants que la liberté d’expression.

Pourtant, les autorités ont agi régulièrement pour éroder beaucoup des libertés gagnées pendant l’émeute populaire de 2011 qui a renversé le régime du long règne de l’autocrate Hosni Mubarak. La nouvelle constitution ratifiée dans un referendum en 2014, est de loin la plus libérale et progressiste que l’Egypte a eu, mais les clauses dans ce document garantissant les libertés, les droits privés ou humains ont largement été ignorées par les autorités.