La mission indienne pour Mars: Une photo qui dit plus que 1000 mots

Quand le poste de commandement et de contrôle, bondé, de la mission indienne pour Mars a explosé en applaudissements après avoir placé avec succès un satellite en orbite autour de la Planète rouge, le photographe Manjunath Kiran de l’agence de presse AFP a pris cette remarquable photo de scientifiques se félicitant les unes, les autres.

La photo de mercredi est arrivée avec une mention plutôt anodine disant : le personnel de l’Organisation indienne de recherche de l’espace (Isro) a fait la fête après que le vaisseau spatial pour l’orbite de Mars (Mom) soit entré avec succès dans l’orbite de Mars ».

Mais en réalité, la photo concernait beaucoup plus que cela – une bande de femmes indiennes resplendissantes dans leurs saris magnifiques se saluant les unes les autres pendant que leurs collègues masculins regardent admirativement le contrôle de la mission à Bangalore.
« Les femmes ont lancé les applaudissement quand la bonne nouvelle est arrivée. Elles l’ont célébrée plus que les hommes. Qui a dit que les hommes étaient de Mars et les femmes de Vénus ? » dit l’éminent journaliste des sciences Pallava Bagla, qui était présent dans la chambre de contrôle.

La photo – qui a amélioré mon écriture maniaque du matin sur l’histoire de la mission de Mars – a agi comme virus et est devenue l’image de l’événement de la journée.
Des gens, par milliers ont tweeté qu’ils l’adoraient. L’un a dit « quand a eu lieu la dernière fois qu’on a vu des femmes scientifiques célébrer une mission spatiale ? » un autre que les femmes montraient « nous n’avons pas besoin de porter des tabliers de laboratoire ». D’autres ont dit que les scientifiques en sari avaient « redéfini la mission de contrôle » et les appelaient « de véritables modèles de rôle ».

Le chatt a même viré dans le débat litigieux indien sur la tradition et la modernité.
Voyez nos scientifiques de missiles, a dit un tweet, alors que des femmes travaillent dans des centres d’appel pensent que porter des jeans « les rend modernes et scientifiques ». Quelqu’un s’est étonné pourquoi « quelque soit ce que les femmes réussissent/réalisent, l’attention finalement s’installe sur ce qu’elles portent ? » Cela a tweeté un autre répondant, c’est « parce que nous avons des journaux qui nous racontent que les femmes avec une bonne carrière ne portent pas des saris, rien que des costumes de commerces occidentaux ! ».

Bien que nous ne sachions pas avec certitude si toutes les femmes sur la photo sont des ingénieures ou des scientifiques, elles travaillent probablement toutes pour l’Agence de l’espace indienne. Quelques 20% des 14.246 employés de l’Isro sont des femmes, et leur nombre est en augmentation.

Nandini Harinath, 44, une physicienne et une mère de deux enfants, était la vice-directrice des opérations de la mission Mars – en d’autres mots, elle était la personne « dirigeant » le vaisseau spatial entre la Terre et Mars. « Il est plus facile d’élever des enfants que de contrôler l’orbiteur de Mars, » a-t-elle dit à la chaîne d’information NDTV. Minal Sampath et son équipe a construit trois instruments pour le vaisseau spécial et elle veut devenir « la première femme directrice d’un centre spatial ».
Une femme dirige un des principaux programmes stratégiques de l’agence. Une autre femme, ingénieure, était en charge de transporter le Véhicule de lancement du satellite (SLV) haut de 15 étages, de 320.000 kgr ( 320 tonnes) du lieu d’assemblage du véhicule, au lieu de lancement. On estime que Tessy Thomas, une scientifique de l’Organisation de la défense, la recherche et le développement de l’Inde (DRDO), est une des rares femmes travaillant sur des missiles nucléaires stratégiques balistiques dans le monde. Trois femmes ont dirigé une équipe qui a lancé un satellite de communication, il y a trois ans.

Et maintenant ? Une femme sera-t-elle à la tête de l’Agence spatiale, un jour ? (Tous les sept présidents de l’Isro ont été jusqu’à présent des hommes.) Et, comme l’écrit Pallava Bagla, l’Isro croit que le premier astronaute d’Inde « pourrait bien être une femme ». Si cela arrive, les femmes indiennes seront aux anges.

BBC