LA MARCHE MONDIALE DES FEMMES AU FORUM SOCIAL MONDIAL DE 2015

Chères militantes et camarades ;

Le Forum Social Mondial a eu lieu en Tunisie du 24 au 28 mars. Cet espace de confluence, de rencontré et d’alliances s’est avéré historiquement très important pour la Marche Mondiale des Femmescar tous deux ont grandi dans des processus de consolidation parallèles. Pendant ces jours, des militants de pays aussi divers que la France, le Brésil, le Sahara occidental, la Tunisie, la Côte d’Ivoire, l’Afrique du Sud, le Mozambique, les États-Unis, la Palestine, etc. se sont articulés pour apporter un regard féministe et anticapitaliste aux nombreux processus qui ont lieu dans le Forum.

Lors de l’Assemblée des Femmes, le 24, Graça Samo (Coordinatrice du Secrétariat International) a rappelé l’importance, aux plus de 500 femmes venues représenter leurs organisations et mouvements, de la lutte féministe pour défendre les droits des femmes. Avec des mots d’espoir, notre coordinatrice nous a encouragés à renforcer les liens entre nos luttes, en connectant les résistances locales avec les luttes globales soutenues par notre mouvement.

Malgré la pluie torrentielle, lors de la Marche d’ouverture du FSM, des dizaines de militantes de la MMF se sont regroupées dans un cortège féministe qui a chanté, dansé et fait sonner la batucada avec entrain. Au rythme du tambour nous avons écouté des consignes telles que :« Contre le capitalisme, je résiste, contre le patriarcat, je me bats » et « Solidarité avec les femmes du monde entier ! ». Nos drapeaux, nos chansons et notre énergie ont attiré l’attention de la presse, qui a consacré une bonne partie du temps des informations concernant cet évènement à la MMF, en diffusant même un entretien à Graça Samo à la TV Nationale.

Pendant les jours suivants, des ateliers se sont succédés, organisés par nos différentes

Coordinations Nationales et mouvements alliés. L’Association Tunisienne des Femmes

Démocrates(CN de la Tunisie) eut un rôle très actif pour la coordination et la préparation du Forum et présenta différents ateliers qui ont permis aux camarades d’autres délégations de partager des idées, aussi bien de leurs places, que dès la table des intervenantes, sur les différents sujets traités. Ensemble, nous avons débattu sur le sens d’une approche plus progressive des droits des femmes, et nous avons réfléchi sur la situation des femmes vivant dans des zones de conflit et qui voient leurs droits les plus fondamentaux violés chaque jour. Également, nous avons discuté sur la nécessité de l’égalité pour atteindre un système de bien-être suffisant, et sur l’effet néfaste que la crise a sur les droits socioéconomiques des femmes qui subissent toujours d’une manière plus accentuée les coupes dans les services publics, la privatisation des services sociaux et la précarisation de l’emploi.

Grassroots Global Justice (notre plus récente Coordination Nationale) a réuni plus de soixante personnes dans un atelier intitulé « Les féministes unies, agissent ». Pendant deux heures, durant lesquelles le respect à la diversité et la sororité ont régné, et les voix féminines étaient

les dominantes, nous avons articulé les aspects principaux de nos luttes et de nos résistances autour de quatre champs : la violence envers les femmes, la paix et démilitarisation, autonomisation économique et ressources naturelles.

Nos sœurs saharaouis de l’UNMS (Union Nationale des Femmes Saharaouis) nous ont présenté leur lutte pour défendre leur autodétermination et leur indépendance. Les témoignages des sœurs saharaouis et palestiniennes vivant aussi bien dans les camps que dans les zones occupées, nous ont accompagnés le long de toutes les activités de la MMF, nous rappelant que notre marche ne pourra s’arrêter que quand nous serons toutes libres. C’est pourquoi, nos dernières heures au Forum Social Mondial ont servi à descendre dans les rues de Tunis, afin d’exprimer notre solidarité avec nos sœurs palestiniennes.

Le 26 nous avons participé à l’atelier : « La 4ème Action Internationale de la MMF en tant qu’occasion de renforcer le mouvement féministe contre le capitalisme patriarcale ».Plusieurs dizaines de personnes se sont rendues avec curiosité à cette réunion dans laquelle des camarades des cinq régions ont partagé leurs expériences organisationnelles concernant l’Action Internationale de 2015. Une fois de plus, il s’est avéré évident que l’union de nos luttes locales nous renforce en tant que mouvement et nous autonomise en tant que femmes-sujets-politiques face à l’ennemi commun qui nous oppresse tous les jours.

Au-delà des ateliers que nous avons organisés en tant que MMF, le FSM offre toujours une occasion formidable pour construire des nouvelles alliances et pour renforcer celles qui existent déjà. Nos alliés ont exprimé leur intention de soutenir nos dates clé de lutte, et de se joindre à nous le 24 avril pour crier : « Rana Plaza est partout ». Dans des espaces de convergence différents, tels que l’assemblée de mouvements sociaux, la réunion sur la justice climatique, sur la terre et l’eau, et celle concernant les résistances contre le pouvoir des multinationales, la MMF a travaillé avec d’autres mouvements pour identifier les points communs de nos luttes, afin de consolider des stratégies conjointes de résistance. Cette ferme intention de la part de la MMF de renforcer ses alliances avec d’autres mouvements s’est manifestée par une conférence de presse conjointe qui a été tenue avec Via Campesina et Amis de la Terre International, et dans laquelle nous avons déclaré notre intention de poursuivre ensemble notre résistance au système capitaliste qui viole les droits des communautés paysannes, qui détruit et ruine l’environnement, et qui porte attente au corps, à la vie et à la pensée des femmes.

Le Forum Social Mondial nous a laissées épuisées, en raison de toute cette énergie que nous avons apporté à ces journées, mais nous sommes fières et heureuses aussi de nous sentir en lien avec des femmes de toute la planète, qui luttent contre les mêmes ennemis et qui nous font nous sentir plus fortes. Nous sentons que nous avons à nos côtés des alliés qui nous soutiennent et qui animent notre lutte, et nous sommes convaincues que, si bien le chemin est long, les progrès que nous faisons ensemble sont immenses.

Tant que toutes les femmes ne seront pas libres, nous marcherons!