Des gouvernements accusés de “perpétuer la violence contre les femmes”

Un rapport de ActionAid dit que les autorités ne tiennent pas compte des lois pour mettre fin à la violence contre les femmes, diminuant le financement des groupes de femmes et ne défendant pas les militantes.

Les gouvernements ne remplissent pas leurs obligations internationales de protéger les femmes de la violence en privant les groupes de femmes de financement et en fermant les lieux dans lesquels elles peuvent agir, d’après un rapport d’ActionAid.

Les lois et les plans d’action nationale introduits pour mettre fin à la violence contre les femmes sont systématiquement ignorés, alors que les efforts des groupes locaux de la société civile pour amener un changement sont contrecarrés par des menaces et l’intimidation a dit l’ONG, mardi.

Une enquête de 47 militantes des droits des femmes de plus de 20 pays, dirigée par ActionAid et la Coalition internationale des défenseurs des droits humains des femmes, a trouvé que plus de 60% des femmes disent qu’elles se sentent moins en sécurité à leur travail qu’il y a deux ans. Dans ce groupe, 19% ont dit qu’elles se sentaient sensiblement moins en sécurité. Des militantes travaillant sur l’avortement, les droits des lesbiennes, des gays, des bisexuels et des transgenres se sont déclarées particulièrement menacées.

Des milices armées, des gouvernements, la police et des groupes religieux ont été identifiés comme les principaux instigateurs d’un comportement menaçant, comprenant la violence verbale, des remarques sexuelles, un harcèlement sexuel et des attaques.

ActionAid a dit que plutôt de protéger les droits des femmes et respecter la résolution de l’ONU adoptée en 2013 pour protéger les militants, « beaucoup de gouvernements perpétuent la violence contre les femmes, tout en négligeant les cultures d’impunité. Et plutôt que de soutenir les femmes dans leur lutte, beaucoup d’états ferment l’espace de la société civile dont toute société civile, y compris les organisations de femmes, a besoin pour être efficace. »

« De plus en plus de femmes sont confrontées à la peur de la violence et ses conséquences pour elles-mêmes et leurs familles, » a dit Lucia Fry, à la tête de la politique à ActionAid. « Le travail de femmes qui n’ont pas peur s’opposant à la violence est miné par l’intolérance croissante d’avis contraires et de l’influence croissante de programmes fondamentalistes qui sont contre les droits des femmes. «  Comme le montre notre enquête, des femmes militantes de pays aussi divers que l’Afghanistan, le Nigeria, L’Afrique du Sud, le  Brésil et les US ont toutes vu les menaces de violence augmenter, les rendant inquiètes et entravant leurs efforts pour améliorer la vie des femmes et mettre fin à la violence dans la société. »

L’enquête a marqué le lancement de la Campagne « sans peur » d’ActionAid, qui appelle la GB à prendre l’initiative de travailler avec la communauté internationale pour remplir leurs obligations pour mettre fin à la violence contre les femmes et les filles par une action pratique et un financement adéquat. Les militantes des droits espèrent que cette année sera un catalyseur pour un changement à long terme pour les femmes avec l’adoption en septembre des objectifs de développement durable (SDG). Un objectif pour éliminer toutes les formes de violence est espéré être inclus dans les objectifs, qui sont d’application dans tous les pays l’an prochain.

Parlant au lunch « Sans peur », la secrétaire du développement international, Justine Greening, a dit que les SDG proposés étaient « immensément puissants » et avaient l’étoffe de réaliser l’égalité de genre qui manquait dans les objectifs de développement du millénaire. Elle a ajouté que les questions soulevées dans la campagne étaient « si importantes ». « C’est une bataille que si on ne gagne pas, on la perd. Il y a beaucoup de gens dans de nombreuses parties du monde qui pensent que les femmes ont trop de droits, qu’on est allé trop loin et qu’on devrait retourner où cela était, » a-t-elle dit. « J’ai une voix et une responsabilité à l’utiliser  pour parler pour celles qui n’en ont pas…d’assurer que nous gagnons cette bataille. »

Des personnalités publiées par l’Organisation mondiale de la santé en 2013, ont estimé que presque 30% des femmes connaissent la violence physique ou sexuelle des mains d’un partenaire intime, bien que plus de pays passent des lois antiviolence. D’après la Banque mondiale, 76 des 100 pays étudiés ont des lois pour s’attaquer à la violence domestique, comparé à 13 en 1995.

L’évocation de membres du Parlement iranien comme singes, vaches et d’autres animaux par l’artiste iranienne Atena Farghadani. Elle a été jugée le 19 mai avec des accusations qui comportaient « de répandre de la propagande contre le système » et elle a été condamnée à 12 ans et 9 mois de prison. Photograph: CRNI

Un rapport d’AtionAid publié en même temps que l’enquête signale les nombreux cas où des femmes sont attaquées au cours de leur activité. Parmi elles Atena Farghadani, 28 ans, une artiste, qui a été placée en confinement solitaire en Iran pour avoir posté sur Facebook un dessin humoristique critiquant un projet de loi du gouvernement de limiter les services de planning familial, et Gladys Lanza, qui a été condamnée pour diffamation au Honduras, quand elle a pris la défense d’une femme qui avait accusé une autorité du  gouvernement de harcèlement sexuel.

Samira Hamidi, ancienne directrice du Réseau des femmes afghanes, a dit qu’elle avait constamment été menacée par des groupes d’opposition au cours de son travail. « Il n’y a pas de mécanismes de prévention et de protection par mon gouvernement où aucune femme …mais particulièrement celles qui défendent les droits humains des femmes – ne peut être soutenue. »

ActioAid appelle les gouvernements à financer adéquatement les groupes locaux de droits des femmes, qui, dit-on, cherchent à mettre fin à la violence basée sur le genre.

Une enquête menée dans 70 pays pendant plus de quatre décennies a trouvé que la mobilisation des organisations des droits des femmes était le facteur le plus important pour transformer en action significative les engagements pour mettre fin à la violence– ayant plus d’impact que le nombre de femmes au parlement, ou la richesse d’un pays.

Mais entre 2012 et 2013 des $28 milliards réservés globalement pour l’égalité de genre, en général, le financement des organisations de femmes était inférieur à $400 millions, a dit ActionAid. Une enquête globale de 740 organisations de femmes menée par l’Association des droits des femmes en développement (AWID) en 2010, a trouvé que le revenu moyen annuel de ces groupes était seulement de $20.000. Des organisations dans l’Afrique sub-saharienne ne recevaient souvent que $12.000 par an.

 Doris Owusu Prempeh parle aux gens  à Dokyikrom, Ghana, de la violence domestique et du viol. Photograph: Nana Kofi Acquah/ActionAid

Doris Owusu Prempeh, membre d’une équipe communautaire antiviolence (Combat) dans le sud du Ghana, soutenue par ActionAid, a dit qu’elle a vu une réduction de la violence basée sur le genre, localement dans les cinq ans que son équipe a travaillé. L’équipe comprenant trois femmes et quatre hommes, éduque des gens sur ce qui constitue la violence domestique et pourquoi c’est mal, et soutient celles qui ont été attaquées, avec des conseils et en rapportant le crime à la police. « Quand nous avons commencé, nous avions tant de cas (de violence) mais maintenant c’est réduit à un par mois. Quand nous avons commencé, on en avait plus de six ou sept par mois parce qu’il n’y avait pas d’éducation sur la violence domestique, » a-t-elle dit. Mais les résultats ne sont que ce que le groupe est capable de faire. La police est parfois réticente à opérer une arrestation à moins que la victime ou la famille ne les paye. « Nous n’avons pas l’argent et notre travail est volontaire, de sorte qu’il est très difficile pour nous de dénoncer les cas, » a-t-elle dit. 

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