Foulards et hymens – Pourquoi le Moyen-Orient doit faire sa révolution sexuelle

Essai coup-de-poing sur la situation des femmes dans le monde arabe, état des lieux accablant de la misogynie ambiante dans un Moyen-Orient travaillé par les extrémismes, Foulards et hymens est un document choc, brillant et nécessaire.

Nous, les femmes arabes, vivons dans une culture qui nous est fondamentalement hostile.
Face à ce constat, la journaliste égyptienne Mona Eltahawy, elle-même emprisonnée, battue, sexuellement agressée sur la place Tahrir en 2011, a décidé de prendre la parole.
Dire la difficulté de vivre dans une société patriarcale qui diabolise la femme, la cache, la rejette.
Dire la situation de ces femmes forcées de porter le hijab et le niqab, embarquées en pleine rue pour un « test de virginité », battues, violées, excisées, mutilées.
Dire que si le monde arabe hait ses femmes, c’est parce qu’il les craint. Qu’il craint ce qui se trouve sous le voile, le nie, piétine son existence, sous prétexte de mieux le préserver.
Parler pour libérer la parole féminine. Car comme nous le rappelle Mona Eltahawy : l’acte le plus subversif qu’une femme puisse commettre est de parler de sa vie comme si elle importait réellement.

 

Dans cet essai, l’auteure, journaliste égyptienne, elle-même emprisonnée, battue et agressée sur la place Tahrir en 2001, dénonce la situation des femmes arabes dans un Moyen-Orient travaillé par les extrémismes. Elle dresse un état des lieux des difficultés de ces femmes forcées de porter le hijab et le niqab, dans une société patriarcale qui, selon elle, diabolise la femme.

Le combat d’une femme pour les femmes, cette femme Mona Eltahawy, est née en Egypte et a grandi au Royaume-Unis et en Arabie saoudite. Elle vit désormais entre Le Caire et New-York et elle a participé au printemps arabe sur la place Tahrir, elle publie aujourd’hui un document coup de poing, à mi-chemin entre l’autobiographie et le manifeste, sur la place des femmes au Moyen-Orient et sur la nécessité d’une révolution sexuelle.

« Il a été très difficile à écrire, j’ai d’ailleurs du m’arrêter à plusieurs reprises mais il fallait que je l’écrive. J’ai pensé que de mon côté, il fallait que je sois honnête, que je raconte mon histoire personnelle comme point de départ. » 

« Pendant trop longtemps en Afrique et au Moyen-Orient, la femme a  été réduite à ce qu’elle a sur la tête et entre les jambes. »

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« Libérons-nous du voile ! »

Elle appelle le Moyen-Orient à faire sa « révolution sexuelle » pour que les femmes, victimes de discrimination, deviennent enfin les égales des hommes.

Pour Mona Eltahawy, la révolution égyptienne a un goût amer. La journaliste, venue au Caire pour accompagner le mouvement populaire contre l’ancien dictateur Hosni Moubarak, a été agressée sexuellement, place Tahrir, en 2011. Elle a alors pris conscience que les femmes égyptiennes, qui n’étaient pas en sécurité dans la rue, devaient se battre pour avoir toute leur place dans la société.

« La révolution a montré son échec : des hommes se battent contre d’autres hommes pour le pouvoir, les militaires contre l’islam radical. Sans la libération des femmes, il n’y aura pas de vraie révolution démocratique », plaide la journaliste qui appelle le Moyen-Orient à faire sa « révolution sociale et sexuelle ».

Mona Eltahawy est née en Égypte, a grandi au Royaume-Uni puis en Arabie saoudite où elle a découvert l’ampleur des discriminations dont les femmes étaient victimes au Moyen-Orient.

L’islam en otage

Musulmane, elle refuse que l’islam soit pris en otage par les « conservateurs ». Pour elle, la religion n’est pas une histoire d’hommes ou un moyen pour eux d’imposer leur loi. C’est une question de foi que chacun peut vivre selon son choix. Elle a conscience d’appartenir à une minorité dans son pays, mais espère que cette minorité va faire bouger les lignes.

Le voile représente le symbole de ce combat. Mona Eltahawy l’a porté pendant neuf ans avant de l’enlever. Cela n’a pas été simple. Elle était tiraillée entre sa foi et le poids de la société. Mais à la lecture des féministes arabes, elle a trouvé « la force de l’ôter », car elle « ne croit pas que l’obligation de le porter figure dans le Coran ». « Nous sommes plus que nos foulards. Mais nous avons aujourd’hui atteint un niveau où les femmes sont réduites au voile », explique-t-elle. Dans les années 1970, elle se souvient que ses tantes n’étaient pas obligées de le porter pour être respectables. « Aujourd’hui, la majorité des femmes le portent, certaines pour des raisons religieuses et d’autres pour ne pas être harcelées. Mais cela ne les protège pas du harcèlement, le problème est plus fondamental. Nous, les femmes, vivons dans une culture qui nous est fondamentalement hostile ». Un « mélange toxique de religion et de culture » qui ancre la misogynie.

« Ne vous méprenez pas : mon but n’est pas de dire que les hommes arabes sont horribles », précise la journaliste qui a vécu longtemps aux États-Unis et est consciente qu’en Europe, le sujet du voile et des droits des femmes musulmanes a « été pris en otage par l’extrême-droite », et « regrette le silence de la gauche sur ces questions ». « En tant que femme musulmane, je refuse le racisme de l’extrême droite et je rejette la misogynie de ma communauté. Je veux l’égalité homme-femme », résume-t-elle. Avec son livre (*), elle offre un témoignage sur son rapport au voile, mais aussi à la sexualité, comme « un pont » pour aider à libérer la parole des jeunes femmes musulmanes.

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